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Nouvelles données sur les changements paléoenvironnementaux de la plaine alluviale de la Saône depuis le Tardiglaciaire : palynologie, géomorphologie

New data on the palaeoenvironmental changes in the flood plain of the Saône river since the Lateglacial period: palynology, geomorphology
Jacqueline Argant, Jean‑Paul Bravard, Jean‑Paul Bourguignon et Jean‑Claude Béal
p. 235-260

Résumés

Depuis le 19ème siècle, la Saône retient l'attention des chercheurs, nombreux à avoir étudié les particularités de sa dynamique alluvionnaire, notamment entre Villefranche-sur-Saône et Lyon. Des études paléoenvironnementales se sont ajoutées aux études géologiques depuis les années 1980, à la faveur de grands travaux d'aménagement réalisés dans le lit majeur de la rivière ou de prospections archéologiques en lit mineur et en lit majeur.Deux transects ont été réalisés à partir de carottages dans le paléochenal de Boitrait à Saint-Georges-de-Reneins (Rhône) et dans celui de la Serrée à Simandre (Saône-et-Loire). Ils ont permis des analyses polliniques et des datations 14C-AMS sur lesquelles s'appuient les hypothèses concernant la dynamique de la Saône dans ces deux secteurs depuis le Tardiglaciaire. Ces analyses fournissent également des éléments de connaissance sur l'anthropisation du lit majeur en complétant utilement ainsi les données de l'archéologie. Les chenaux étudiés renseignent sur des phases d’activation de la dynamique fluviale et de dépôt depuis le creusement du Bølling ; elles diffèrent d’un secteur à l’autre, notamment en fonction de la nature du style fluvial du fond de vallée.

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Texte intégral

Nous tenons à remercier Martine Gardini pour les relevés des coupes de la fouille de Chalon-sur-Saône et des sondages de Simandre qu'elle a mis à notre disposition avec une partie des dates 14C effectuées sur ce site, et Gilles Rollier qui nous a aimablement permis d'utiliser les dates 14C obtenues sur le site de Chalon-sur-Saône. Nous remercions enfin les relecteurs, Jean-François Pastre et Carole Bégeot, qui nous ont permis d’améliorer le manuscrit.

1 - Etat des lieux et objectif des recherches palynologiques réalisées en Val de Saône

1De Verdun-sur-le-Doubs à Lyon, la moyenne et la basse vallée de la Saône (fig. 1) ont fait l'objet, depuis 1970, de nombreuses analyses polliniques, mais il n'en existe pas de synthèse et les plus récentes études ne sont pas publiées. Leur point de départ est souvent lié à l'archéologie. Les gisements archéologiques sont en effet nombreux, en particulier dans les alluvions modernes des berges. J.-P. Thévenot (1973) fait l'historique précis des recherches effectuées sur ces gisements de 1850 à 1960. Si leur stratigraphie et leur chronologie ont été étudiées dès la fin du 19ème siècle, la reconstitution du milieu naturel, cadre de vie des civilisations passées, n'a pas toujours fait l'objet d'études spécialisées, mis à part celles de la faune de vertébrés et des mollusques. Pour la paléobotanique, le manque de matériel analysable en est souvent la cause. La première analyse palynologique tentée sur les berges à Ouroux-sur-Saône en est un exemple. Les limons de débordement correspondant à ce site chalcolithique se sont révélés pratiquement stériles (Argant in Thévenot, 1973).

2L'accélération des découvertes de sites depuis les années 1960 au gré des grands travaux (rescindements de méandres, constructions de voies de communication ou d'immeubles, creusement de gravières) et des campagnes de recherches systématiques dans le lit même de la Saône, ont apporté un lot de connaissances nouvelles et parfois des matériaux se prêtant aux reconstitutions paléoenvironnementales : faune de vertébrés, bois, graines, pollen (Bonnamour et al., 1990). Le suivi systématique des travaux terrestres a permis des études pluridisciplinaires où la palynologie tient une large place. Elles sont en partie déjà publiées, telles celles de Chivres en Côte-d'Or (Argant et al., 1996), Mâcon-Bibliothèque (Argant et al., 2005), Varennes-les-Mâcon (Floss et al., 1999), Lyon-Gorge de Loup (Argant, 1993 ; Vérot-Bourrély et al., 1995), Lyon-Parc-Saint-Georges (Argant & Latour-Argant, sous presse)… Le champ a été dans la mesure du possible élargi au milieu naturel pour retracer l'évolution de la végétation à l'échelle régionale sur un laps de temps le plus long possible et mesurer l'impact des activités humaines en dehors des sites archéologiques. Il n'existe malheureusement pas de tourbières dans le lit majeur de la Saône qui puisse servir de cadre à nos investigations… La plus proche est celle de La Truchère dans la plaine alluviale de la Seille, non loin de sa confluence avec la Saône (Laine et al., 2009). Les milieux les plus favorables sont donc les remblaiements alluviaux d’anciens bras fluviaux, assez nombreux mais pas toujours facilement accessibles à l'investigation, surtout en milieu urbain. A la faveur de programmes axés sur la géomorphologie, d'anciens bras de la Saône ont pu être étudiés selon une démarche commune avec les archéologues dans le cadre de fouilles programmées (Lyon-Saint-Georges, Saint-Georges-de-Reinens-Ludna dans le Rhône) ou de Programmes Collectifs de Recherche (PCR M. Gardini, 2000, dans le Châlonnais). La figure 1 recense les principaux sites qui ont donné lieu à une analyse pollinique sur des séries d'importance variable suivant le type de milieu et qui sont utilisables pour ce bilan. Sont distingués des sites archéologiques et des sites naturels. Sont également indiqués ceux qui ont donné lieu à des observations géomorphologiques importantes. Les données les plus intéressantes, utilisables pour un bilan, correspondent à la partie inondable de la vallée large de 3 km environ et exceptionnellement à la première terrasse. Il faut noter qu'aucune série n'est complète du point de vue chronologique et que les hiatus sont fréquents, mais ces résultats nous informent sur l'évolution de la végétation en plaine entre 175 m et 165 m d'altitude, du Tardiglaciaire à l'époque moderne. Le cadre chronologique adopté est celui présenté dans le tableau 1 (d'après Richard in Bourquin-Mignot et al., 1999).

3Le choix a été fait de concentrer les efforts de recherche sur les paléo-chenaux fluviaux. Ce sont des éléments importants des reconstructions paléoenvironnementales dans la mesure où leur géométrie et la nature de leur fond renseignent sur les caractères de la dynamique fluviale au moment de leur abandon; dans la mesure aussi où leur remplissage donne des informations sur les processus qui ont joué de manière diachronique depuis leur abandon. Il est admis que l’on peut distinguer des paléo-chenaux à remplissage organo-minéral issu de processus à dominante autogène et des paléo-chenaux à remplissage minéral sous le contrôle de processus à dominante allogène (Amoros & Petts, 1993). Les premiers sont en général d’anciens méandres ou chenaux à petit rayon de courbure que leur recoupement naturel a isolé du chenal actif ; les seconds, caractérisés par des sinuosités à grand rayon de courbure, ont conservé durablement des liens avec le chenal actif (ou les chenaux actifs dans le cas du style en tresses), notamment par le passage de flux d’eau et de sédiments. Dans cette perspective, nous avons retenu les paléo-chenaux de Boitrait et du Pré Pillon à Simandre, à remplissage organique et minéral. Le site de l'Hôtel de Ville de Chalon-sur-Saône fournit également un jalon, mais plus ponctuel.

Fig. 1 : La Saône et son bassin versant.

Fig. 1 : La Saône et son bassin versant.

Carte de répartition des sites ayant donné lieu à des observations géomorphologiques et/ou à des analyses polliniques en milieu naturel (cercles) ou en site archéologique (carrés). 1- Chivres (Argant et al., 1996) ; 2- Epervans (inédit) ; 3- Chalon-Hôtel de Ville ; 4- Simandre Pré Pillon ; 5- La Truchère (Laine et al., 2009) ; 6- Mâcon (Argant et al., 2005) ; 7- Varennes-les-Mâcon (Floss et al., 1999) ; 8- Ludna (Béal, 2007b) ; 9- Boitrait ; 10- Grelonges (Bouvard & Astrade, 2005) ; 11- Bourdelan (Bravard, 1990) ; 12- Lyon Vaise et Saint-Georges (Argant, 1993 ; Vérot-Bourrély et al., 1995, 2010).

2 – Le cadre géomorphologique de la Saône

4La Saône est un cours d'eau de plaine remarquable par la faiblesse de sa pente entre le confluent du Doubs et Mâcon où elle est de 0,00001 m/m avant de se redresser à 0,00011 m/m entre Mâcon et Anse, puis de s'accroître à 0,00021 m/m entre Anse et Lyon (Astrade, 1996). La stabilité des sites de gué protohistoriques et historiques, surtout dans la région de Mâcon, prouve que son tracé en plan a peu changé au cours de l'Holocène (Dumont, 1997). Le fond de la Saône moderne est formé de galets que les crues étaient incapables de mettre en mouvement, même avant la construction des barrages actuels. Seuls se déplaçaient les sables et graviers apportés par les affluents issus du Massif Central et de la Bresse.

5Le lit majeur, très vaste (2600 km2), subit encore aujourd'hui des inondations longues de plusieurs semaines faute d’une évacuation facile des eaux (Astrade, 1996). Les limons déposés par les crues contribuent à la construction verticale de la plaine alluviale depuis au moins 15000 cal. BP (cf. infra), et à la fossilisation d’un abondant patrimoine archéologique découvert depuis le milieu des années 1860, en complément des vestiges découverts dans le lit de la Saône (Bonnamour, 2000).

6La dynamique alluvionnaire particulière du Pléistocène supérieur dans la basse vallée entre Villefranche-sur-Saône et Lyon intéresse depuis longtemps les chercheurs qui ont proposé pour l'expliquer diverses hypothèses mettant en jeu à la fois la néotectonique qui a affecté la région chalonnaise (Journaux, 1956 ; Bourdier, 1961) et le rôle de barrage des alluvions fluvio-glaciaires du Rhône (Bravard, 1997, 2002).

7Les dépôts du Tardiglaciaire sont mieux connus, du moins ceux désignés sous le nom "d'Argiles de la Caille" localisés dès 1865 à Lyon-Vaise (Locard, 1879) et observés par la suite en différents points du val de Saône, de Chalon-sur-Saône à Lyon. Il s'agit tantôt de dépôts alluviaux fins, riches en mollusques, tantôt de sédiments tourbeux, datés pour la première fois à Varennes-lès-Mâcon de 11860 ± 190 BP (Combier, 1969). Les autres dates obtenues par la suite sur ces formations indiquent également le début de l'Allerød. Elles signifient qu'une forte incision s'est produite entre le maximum de la dernière période glaciaire et l'Allerød, probablement au Bølling (Bravard, 2002), et qu’elle a été suivie d’une phase témoignant de conditions de dépôt en eaux calmes.

8Peu de travaux ont été réalisés sur l’évolution du tracé en plan de la Saône depuis la dernière période froide, mais à l’Holocène au moins se dessine une tendance à la simplification du tracé en plan, au profit d’un chenal unique qui caractérise la rivière actuelle. Deux exemples en font foi sur la Saône à l’aval de Villefranche-sur-Saône : le fond d’un paléo-chenal (163 m NGF) a pu être observé sur le site du Bourdelan, à l’aval de Villefranche-sur-Saône ; le transit de la charge de fond a cessé à la transition Boréal-Atlantique, vers 8140 ± 80 BP (Ly-4541), au profit d’un remblaiement alluvial exclusivement issu de suspensions (Bravard, 1990). La disparition d’un chenal secondaire de la Saône qui isolait une île portant le prieuré clunisien de Grelonges entre 1250 et 1300 AD a été étudiée à Fareins, dans l'Ain (Bouvard & Astrade, 2005).

Tab. 1 : Limites admises pour les chronozones du Tardiglaciaire et de l’Holocène

Tab. 1 : Limites admises pour les chronozones du Tardiglaciaire et de l’Holocène

d’après Richard in Bourquin-Mignot, 1999 (calibration IntCal09,Reimer et al., 2009).

3 - Analyses polliniques : matériel et méthodes

9Sur les sites archéologiques, les prélèvements ont été réalisés directement sur les coupes stratigraphiques, ou en planimétrie suivant l'intérêt des décapages, le but essentiel recherché étant en général d'apporter des éléments de connaissance de l'environnement immédiat des habitats et des activités qui y étaient pratiquées. Pour les sites naturels, deux cas se sont présentés :

10- Lorsque les coupes ont été accessibles par creusement à la pelle mécanique, les échantillons ont pu être prélevés directement. Mais souvent, à Chalon-sur-Saône par exemple, des conditions de sécurité insuffisantes liées à l'instabilité des terrains et à la hauteur des coupes (de l'ordre de 10 m) ont obligé à des relevés et un échantillonnage très rapides.

11- Les bras morts de Simandre et de Boitrait se sont prêtés au carottage. Les limons argileux jaune brun de surface, compacts, ont cependant nécessité l'utilisation préalable d'un carottier à percussion avant d'atteindre, vers deux mètres de profondeur, des argiles plus ou moins tourbeuses prélevées au carottier russe qui est muni d'une chambre hémi-cylindrique de 5 cm de diamètre, ne perturbant pas le sédiment. L'échantillonnage de ces argiles a été réalisé au laboratoire au pas de 2 à 3 cm alors que les dépôts supérieurs n'ont pu être analysés que tous les 10 cm.

12Tous les échantillons ont été traités suivant la méthode classique de concentration en liqueur dense (Thoulet, d = 2) destinée aux sédiments minéraux (Argant, 1990), après décarbonatation par l'acide chlorhydrique, désilicification par l'acide fluorhydrique (40 % à froid), traitement par la potasse à chaud (10 mn) pour éliminer le maximum de matière organique ; enfin montage du culot dans la glycérine.

13Pour l’analyse, vingt microlitres du culot obtenu ont ensuite été observés au microscope optique (G = 500) et dénombrés. Pour chaque échantillon, une somme minimum de 300 grains de pollen et spores a été atteinte dans la mesure du possible, et une somme plus importante dans le cas où le pollen d'un même taxon apparaissait en trop grande quantité. Le pourcentage de chaque taxon a toujours été calculé par rapport à la somme pollinique totale comprenant l'ensemble des grains de pollen et des spores comptés. Dans certains cas, un second calcul a été effectué en éliminant le pollen des Cyperaceae trop abondant. Cependant, par souci d'homogénéité et pour permettre la comparaison entre les différentes représentations graphiques, la première méthode a été retenue pour tous les diagrammes présentés ici. Ils ont été tracés à l'aide du logiciel Psimpoll (Bennett, 2002). Au centre du diagramme sont figurées les variations des taux de pollen d'arbres, d'herbacées et de fougères. De part et d'autre de ces courbes sont figurés le détail des arbres autres que le pin (à gauche) et le détail des herbacées et fougères (à droite). Un point signifie un pourcentage inférieur à 1 %. Dans certains cas les microfossiles non polliniques parmi les plus abondants ont été également représentés, leur pourcentage étant calculé par rapport à la somme pollinique totale.

14La zonation pollinique classique du Tardiglaciaire et de l'Holocène est rappelée dans le tableau 1, avec les dates exprimées en années BP et en années cal. BP, la calibration étant réalisée à 2 sigmas selon la courbe IntCal09 (Reimer et al., 2009). De même, les dates 14C obtenues pour chaque site sont regroupées dans différents tableaux au cours de l'étude. Les macrorestes n'étant jamais très abondants, il a fallu opérer sur les tourbes ou sur les argiles les plus organiques. Le contrôle de la pertinence des dates par les spectres polliniques a permis d'éliminer à Simandre un résultat à l'évidence vieilli. Les sites archéologiques fournissent aussi des repères précieux à partir du mobilier archéologique, et parfois par datation 14C-AMS des os ou charbons de bois qui leur sont associés.

4 - Les sondages et le transect du marais de Boitrait

15Localisation : 46°02'32" N, 4°43'09"E, altitude 168,50 m

4.1 - Problématique

16Le marais de Boitrait (fig. 2) (commune de Saint-Georges-de-Reneins, Rhône) correspond à un ancien bras de la Saône séparé du chenal principal par une colline sableuse d’âge tardiglaciaire (Combier & Floss, 1994). Il a fait l'objet de plusieurs sondages dans le cadre des fouilles programmées conduites depuis 2003 par Jean-Claude Béal sur le site de l'agglomération romaine de Ludna, situé juste au-dessus, sur la première terrasse et traversée du sud au nord par la route antique de Lyon vers Mâcon et le nord de la Gaule (Faure-Brac, 2006 ; Béal, 2007a,b). Sur une terrasse artificielle longée par la voie antique s'ouvrent des greniers sur pilotis maçonnés, plus particulièrement destinés à la conservation des grains et utilisés du Ier au IIIème siècle ap. J.-C. : étape routière, l’agglomération était aussi un lieu de stockage public de céréales.

17Dans ce contexte, deux questions ont été posées à la géomorphologie et à la palynologie. La première est de savoir si le bras de Saône fut assez actif dans l’Antiquité pour permettre une connexion entre la voie fluviale et la route terrestre à la hauteur de Ludna : la réponse, on le verra, a été négative. La seconde est d’évaluer l’importance relative de la culture des céréales à la périphérie de l’agglomération antique, alors que, au XVIIIème siècle et jusqu’au grand développement de la viticulture, ici dans le courant du XIXème siècle, le terroir de Saint-Georges-de-Reneins a été considéré comme ingrat.

Fig. 2 : (a) Carte de situation de Boitrait et de Ludna (Saint‑georges‑de‑Reneins). (b) Image satellitale

Fig. 2 : (a) Carte de situation de Boitrait et de Ludna (Saint‑georges‑de‑Reneins). (b) Image satellitale

Foret & Perichon, 1990, tous droits réservés

4.2 - Données stratigraphiques

18Un sondage de reconnaissance (ST1) a été réalisé à la tarière à main en 2004 dans le Marais de Boitrait. Le sondage a atteint une profondeur de 3,30 m avant refus sur des alluvions gravelo-sableuses. Le sondage principal a été réalisé le 2 novembre 2004 à l’aide du carottier à moteur de l'ARPA à quelques mètres du précédent (STC1).

19Les deux sondages réalisés dans ce secteur du marais permettent de souligner : (1) l’homogénéité, à cette échelle, de la couverture de limon argileux dont l’épaisseur est de 2,40 m environ ; (2) une forte variabilité des faciès de la partie inférieure de la colonne. La tourbe repose directement sur le gravier, mais le sondage carotté montre qu’elle est surmontée par un niveau sableux épais de 40 cm. Ce niveau est absent du sondage de prospection ST1. Les sables révèlent le passage de courants tractifs après une phase d’isolement et de remblaiement autogène par la matière organique.

20Un transect stratigraphique a été entrepris en 2005 et achevé en 2007 (fig. 3). Il consiste en 6 sondages à la tarière (S1 à S6) localisés perpendiculairement à l’axe d’écoulement ancien, à environ 200 m au nord des sondages ST1 et STC1. Le transect couvre la largeur totale du paléo-chenal de la Saône entre le pied du coteau ouest et la butte sableuse de Boitrait (400 m environ) et les 6 sondages ont été arrêtés sur le fond caillouteux de cet ancien chenal principal de la Saône. Les points ont fait l’objet d’un repérage au GPS manuel et d’un levé topographique au niveau. Les résultats sont en bon accord avec ceux des deux sondages précédents situés un peu plus au sud.

21Les sondages ont une profondeur comprise entre 2,80 et 3,80 m. La profondeur de la paléo-Saône était donc relativement faible, mais très difficile à déterminer car les berges sont masquées par l'interstratification avec des colluvions issues de la terrasse à l’ouest et de la butte sableuse à l’est. Si l’on se fie à la cote du toit de la tourbe, la profondeur pouvait être voisine de 1,50 m en eaux moyennes, ce qui est compatible avec l'indication donnée par le pollen des plantes aquatiques, Myriophyllum et les Nympheaceae par exemple. Cette géométrie est caractéristique d’un lit plat, probablement en tresses si l’on admet l’existence simultanée du lit actuel de la Saône. On note que la profondeur maximale de ce chenal sinueux en plan est à l’ouest, dans la concavité, ce qui est conforme au schéma reliant les formes et l’écoulement.

Fig. 3 : Saint-Georges-de-Reneins - Boitrait.

Fig. 3 : Saint-Georges-de-Reneins - Boitrait.

Position des sondages. Transect est-ouest.

4.3 - Datations radiocarbone

22Le sondage ST1 a permis la collecte d’un échantillon de tourbe au contact du gravier de base ; Trois dates ont été obtenues sur la matière organique du sondage S5 qui a été prélevée à trois profondeurs différentes en fonction de ruptures apparentes dans la stratigraphie du sondage (tab. 2).

Tab. 2 : Dates 14C du site de Boitrait (calibration IntCal09, Reimer et al., 2009).

Tab. 2 : Dates 14C du site de Boitrait (calibration IntCal09, Reimer et al., 2009).

4.4 - Principaux enseignements des sondages

23Au début du Bølling, l’incision de la Saône dans la nappe du maximum du Würm est acquise puisque la date obtenue sur la tourbe de base est de 12715 ± 95 BP (tab. 2) ; l’essentiel de l’incision a dû se produire au Dryas ancien. Dans ce tronçon de la Saône, la morphologie devait présenter un tressage limité à deux bras avec des chenaux très larges à fond plat (cote voisine de 165 m NGF). Il est probable que le chenal actuel de la Saône a fonctionné en fin de période froide, même si on ne peut exclure son ouverture à la fin du Dryas. Pendant le Bølling, le style fluvial a évolué puisque le remblaiement débute par la tourbe (datée, cf. supra) reposant directement sur le gravier de fond. La tourbification signifie que le paléochenal a été abandonné brusquement et que l’écoulement s’est concentré sur le tracé de la Saône actuelle, le seul possible. La faible épaisseur de la lame d’eau nécessaire à la tourbification suppose qu’un chenal a capté le débit et poursuivi le processus d’incision jusqu’au début du Bølling, à l’est de la butte de Boitrait, approximativement sur le tracé actuel de la Saône.

24A partir de 12715 ± 95 BP (env. 15000 cal. BP), l’incision est stoppée puisque le dépôt organique s’épaissit pour atteindre environ 60-70 cm ; il est même probable que la nappe phréatique remonte de quelques décimètres. Il se confirme cependant que le paléochenal de Boitrait n’a pas fonctionné en tant que bras vif après le Bølling. La tourbe de base est continue sur le transect et ne laisse aucune place à un chenal secondaire à courants tractifs. On note cependant le retour de crues attestées par la présence localisée de sables dans le sondage STC1 et de quelques graviers dans la tourbe. La base du sable ravinant la tourbe est datable du Dryas récent d'après la palynologie.

25La granulométrie des dépôts plus récents que la tourbe correspond à des inondatites sans courants tractifs. Le limon argileux épais qui coiffe la séquence organique exclut tout fonctionnement pérenne du bras de Boitrait. Seules les crues passent pendant l’Holocène et déposent des sédiments fins issus de suspensions.

26Le fonctionnement hydrologique suggère la coexistence de deux nappes. Le revêtement limono-argileux explique la présence d’une première nappe semi-captive dans le gravier et la tourbe de base. Lors des inondations de la Saône et des précipitations, la couche argileuse sert de support à une deuxième nappe qui est perchée ; ce dernier mode de fonctionnement est localement assisté par le drainage qui collecte les eaux du pied de versant.

4.5 - Résultats palynologiques

4.5.1 - Analyse des sondages du marais

27Sur les 7 sondages réalisés (fig. 3), trois ont été retenus pour l'analyse pollinique. Les figures 4 et 5 présentent les diagrammes obtenus pour le sondage S3 et pour l’ensemble STC1 et S5. Les résultats sont décrits dans le tableau 3. Suivant ce bilan, cinq chronozones peuvent être distinguées, mais aucune ne paraît complète. La conservation régulièrement médiocre du pollen dans les sédiments argileux oxydés à partir de 2 m de profondeur et jusqu'à la surface nous prive de séquences continues.

28Les spectres donnés par l'échantillon le plus profond en S3 (fig. 4, BS3-1, 315 cm) et par STC1 (fig. 5, 236 cm) montrent l'existence d'une steppe arborée à Juniperus et Betula. Outre les steppiques, essentiellement Poaceae et Artemisia, les plantes hygrophiles tiennent une large place avec les Cyperaceae et des aquatiques de zones peu profondes (Typha cf. angustifolia, Potamogeton, Nymphea, Myriophyllum). Ces deux spectres sont indiscutablement tardiglaciaires, mais leur attribution plus précise ne peut qu'être hypothétique. Ils pourraient se rapporter au début du Bølling, ce qui est compatible avec la date de 12715 ± 95 BP (tab. 2) obtenue sur la tourbe basale de ST1, vers 330 cm.

29Ces échantillons sont malheureusement isolés puisque en STC1 l'échantillonnage n'a pu être complété dans la partie profonde, et en S5, la portion de carotte équivalente analysée (BS5-1) montre des spectres bien différents : les steppiques abondent encore mais le pollen de Pinus atteint près de 40 %. Cette phase représentée par deux spectres seulement correspond au Dryas récent dont la fin est indiquée par un net appauvrissement en steppiques et par la date 10065 ± 30 BP (S5, 258 cm) (tab. 2).

30Le Préboréal paraît bien représenté en S3 (BS3-3) et S5 (BS5-2) : Pinus atteint son développement maximum, les steppiques, bien que toujours présentes, diminuent fortement. Leur légère augmentation en début de phase en S5 (BS5-2) pourrait correspondre à la légère péjoration climatique (Preboreal Oscillation) signalée par Björck et al. (1997). La végétation aquatique et hygrophile reprend de l'importance après l'épisode plus froid et sec du Dryas récent et favorise la multiplication des algues coloniales et des Cyanobactéries qui se mettent alors à proliférer. Les arbres à feuilles caduques arrivent progressivement (Corylus, Quercus, Ulmus, Alnus), annonçant les améliorations climatiques suivantes. Cependant la phase d'expansion de Corylus classique du Boréal n'est enregistrée dans aucun des sondages réalisés, ce qui traduit un hiatus important dans les dépôts de cette zone entre 9000 et 8000 BP au moins. L'interprétation des résultats reste donc là encore délicate. Le démarrage de la chênaie et celui de la corylaie paraissent tout à fait parallèles mais peu dynamiques. Ils coïncident avec la baisse significative de Pinus et se situeraient au cours de l'Atlantique ancien si l’on en juge par la date 7005 ± 25 BP (tab. 2) obtenue en S5 à 214/215 cm. Les argiles limoneuses livrent peu de pollen et seul l'échantillon 163 cm de S5 fournit un jalon montrant l'extension de l'aulnaie et la présence bien marquée de Fagus. L'épisode correspondant pourrait se rapporter au Subboréal, mais également à l'Atlantique récent car tout comme dans la basse et la moyenne vallée du Rhône (Triat-Laval, 1978 ; Beaulieu et al., 1984 ; Argant, 1990) Fagus se manifeste assez tôt dans la vallée de la Saône, à Simandre par exemple.

31Enfin, le premier mètre de limons du sondage STC1 correspond à la période historique (Haut Moyen Âge à l'actuel) : à 98 cm, le dépôt est daté de 1470 ± 20 BP (tab. 2). Le paysage apparaît très déboisé dès le début de cette séquence, mais Quercus et la végétation marécageuse à Typha et Cyperaceae sont encore bien présents. Les indices de cultures - céréales, noyer - vont ensuite en s'amplifiant et des coupes réduisent considérablement la chênaie. Plantago et Rumex indiquent des prairies probablement gagnées sur le marais car les Typhaceae se raréfient et les plantes aquatiques disparaissent.

Fig. 4 : Saint-Georges-de-Reneins - Boitrait.

Fig. 4 : Saint-Georges-de-Reneins - Boitrait.

Diagramme pollinique du sondage S3. • < 1 % ; x10 ; courbe en trait fin = amplification x10.

Fig. 5 : Saint-Georges-de-Reneins - Boitrait.

Fig. 5 : Saint-Georges-de-Reneins - Boitrait.

Diagramme pollinique des sondages S1 et S5. • < 1 % ; x10 ; courbe en trait fin = amplification x10.

Tab. 3 : Boitrait (Saint-Georges-de-Reneins, Rhône).

Tab. 3 : Boitrait (Saint-Georges-de-Reneins, Rhône).

Résultats de l’analyse pollinique de S1, S3 et S5.

4.5.2 - Analyses polliniques sur le site archéologique de Ludna

32Une douzaine d'échantillons ont été prélevés au cours de la fouille de ce site gallo-romain en 2006 (Béal, 2007b). Seuls les deux échantillons provenant d'un sol d'occupation (secteur 3, US 702 et 722) fournissent un résultat exploitable (tab. 4).

33Il faut d'abord remarquer le très faible taux de pollen d'arbres (9 et 9,49 %), représentés seulement par 9 taxons. Le plus abondant est Pinus. Il s'agit probablement d'un apport lointain comme pour Picea et Abies (reliefs du Beaujolais). Les feuillus, Quercus, Tilia, Corylus, Betula et Alnus sont également présents et vraisemblablement implantés à proximité du site, en tous cas au moins dans le marais voisin de Boitrait, comme l'indique l'analyse du sondage STC1. Leur très faible représentation peut être interprétée comme le reflet d'un paysage ouvert à l'extrême mais une autre cause pourrait également être liée au lieu de sédimentation, protégé de la pluie pollinique extérieure par une construction plus ou moins fermée…

34La forte proportion de pollen d'herbacées dominées par les Poaceae et Cichorioideae suppose l'existence de prairies proches ou de foin apporté sur le site pour le bétail. Mais les cultures sont également attestées de façon très nette par l'abondance du pollen de céréales. Les taux relevés ne dépassent pas 3 % mais sont significatifs de champs cultivés proches. On ne peut en déduire un traitement des récoltes (battage par exemple) qui aurait entraîné une accumulation de ce pollen beaucoup plus importante. Plantago, les Chenopodiaceae, Brassicaceae et Ranunculaceae, liés aux pâturages ou aux cultures confirment les données précédentes. Enfin, les plantes de milieux humides se signalent discrètement avec les Cyperaceae et Filipendula, rappelant la proximité d'un marais et d'un cours d'eau en lisière sud du site.

35Les sédiments déposés dans le chenal de Boitrait n'offrent malheureusement pas une image continue de l'évolution de la végétation, mais ils confirment des phases de comblement au Bølling et au Dryas récent. Le chenal reste néanmoins en eau au moins jusqu'à l'Atlantique, au moment où le boisement en feuillus commence à progresser fortement. A partir de cette période, il n'est plus remis en eau que lors des crues qui sont à l'origine des dépôts limoneux.

36Les dépôts contemporains de l'occupation archéologique du site de Ludna n'ont pu être mis en évidence dans le marais, mais le site lui-même donne de nets indices de mise en valeur du territoire environnant, que le marais enregistre clairement aussi plus tard, à la période historique.

Tab. 4 : Ludna (Saint-Georges-de-Reneins, Rhône)

Tab. 4 : Ludna (Saint-Georges-de-Reneins, Rhône)

Résultats de l’analyse pollinique du sol d’occupation gallo-romain.

5 - Sondages et transects du Pré Pillon (Simandre, Saône‑et‑Loire)

37Localisation : 46°35'39" N, 4°55'57"E, altitude 170 m

38Dans le tronçon compris entre Gigny-sur-Saône et Tournus, le fond de vallée possède trois ou quatre chenaux bien visibles sur l’image satellitaire dont la Saône actuelle. Les paléo-chenaux, de tracé rectiligne à très peu sinueux et encore marqués dans la topographie du lit majeur, chenalisent les débordements de crue modernes et sont empruntés par les nombreux ruisseaux nommés "biefs" qui drainent les terrasses de la Bresse, tel le bief du Moulin Bernard à Simandre (fig. 6). Ils ne sont séparés du lit mineur que par le bourrelet de rive qui se développe de l'amont d'Ormes jusqu'au lieu dit "en Charrette" sur la commune de Tournus.

Fig. 6 : (a) Carte de situation de Simandre et sites gallo-romains du lit majeur de la Saône entre gigny et Préty. (b) Image satellitale. (Agence de l’Eau R.M. & C., & Chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire, tous droits réservés). (c) Photographie aérienne montrant le paléochenal de gigny, au nord de Tournus (Saône-et-Loire), en période de crue de la Saône (cliché J.-P. Bourguignon).

Fig. 6 : (a) Carte de situation de Simandre et sites gallo-romains du lit majeur de la Saône entre gigny et Préty. (b) Image satellitale. (Agence de l’Eau R.M. & C., & Chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire, tous droits réservés). (c) Photographie aérienne montrant le paléochenal de gigny, au nord de Tournus (Saône-et-Loire), en période de crue de la Saône (cliché J.-P. Bourguignon).

5.1 - Données stratigraphiques

39Un transect stratigraphique de 360 m, programmé par M. Gardini, a été réalisé en 2001 au niveau du P.K. 116, par une série de 11 sondages à la pelle mécanique. Pour respecter les champs cultivés, ils ont dû être répartis sur trois secteurs contigus légèrement décalés, aux lieux-dits Pré Nolly (N1 à N6), Pré Pillon (P1 à P3) et Pré Sarcelle (S1 et S2) sur la commune de Simandre, en rive gauche de la Saône (fig. 7).

40Si l’on considère les caractéristiques générales des dépôts de recouvrement sondés ou observés, ils sont à dominante sableuse ou sablo-limoneuse et reposent sur un cailloutis de base sableux qui représente la charge de fond tardiglaciaire. La composante sableuse du recouvrement signifie que l’écoulement a été à plusieurs reprises turbulent, ce qui caractérise les dépôts en marge des chenaux de tressage soumis au passage récurrent des crues débordantes dotées d’une capacité d’érosion et de dépôt.

41La zone proche du bief du Moulin Bernard, qui était a priori la plus favorable à la conservation de pollen sur une grande épaisseur, a été retenue pour effectuer un sondage (PAL-1). Le log stratigraphique détaillé est donné à gauche du diagramme pollinique (fig. 8).

Fig. 7 : Simandre - Pré Pillon.Transect est-ouest

Fig. 7 : Simandre - Pré Pillon.Transect est-ouest

Les numéros cerclés renvoient au texte.

relevé M. gardini & J.-P. Bourguignon

Fig. 8 : Simandre - Pré Pillon. Diagramme pollinique.

Fig. 8 : Simandre - Pré Pillon. Diagramme pollinique.

Log stratigraphique : Ljb = limon jaune brun ; Ajb = argile jaune brun ; Ag = argile grise ; An = argile noire ; At = argile tourbeuse ; Ags = argile grise sableuse ; Agn  = argile gris noir ; Sa = sable. • < 1 % ; x10 ; courbe en trait fin =  amplification x 10.

5.2 - Datations radiocarbone

42Les sondages N1 et P1 ont donné lieu à une première série de cinq datations 14C-AMS, complétée ensuite par celle de six échantillons choisis sur le sondage PAL-1 en fonction des données de l'analyse pollinique (tab. 5).

Tab. 5 : Dates 14C du site de Pré Pillon - Simandre (calibration IntCal09, Reimer et al., 2009).

Tab. 5 : Dates 14C du site de Pré Pillon - Simandre (calibration IntCal09, Reimer et al., 2009).

5.3 - Les principaux enseignements des sondages stratigraphiques

43Sur le transect produit par l'ensemble des sondages N, P et S, le cailloutis de base est creusé d'un double chenal (n°1a et 1b) large d'au moins 300 m, avec une dénivelée de 1,50 m entre le sommet des bancs et le fond composé de galets et graviers. Nous avons mis en évidence qu’une douzaine de phases avec alternance de remblaiement et de creusement se succèdent jusqu'à l'époque actuelle, avec concentration progressive de l'activité des chenaux vers l'est (fig. 7).

44- Un remblaiement Allerød, sous forme d'une argile grise tourbeuse, localement sableuse (en N3), repose sur une mince couche de sables organiques à débris végétaux plus ou moins grossiers (feuilles, branches, troncs) (n°2). Dans le sondage N1, cette dernière est datée de 11645 ± 90 BP (tab. 5) ; dans le sondage P1, sur des feuilles à la base du sable argileux sus-jacent, on obtient 11990 ± 95 BP (tab. 5) ce qui donne une date ante quem au creusement du chenal, correspondant au Bølling/Allerød (tab. 1).

45- Dans le talweg du secteur P/S le plus à l'est, un creusement important (n°3) érode le dépôt de l'Allerød. L'évolution de ce talweg, complexe, peut être retracée grâce aux dates 14C et à l'analyse pollinique. En PAL-1 il est remblayé de sables gris argileux (n°4), qui ont en partie flué au prélèvement ; ils sont datés du Dryas récent d’après les données de la palynologie.

46- Vient ensuite un dépôt (n°5) d’argiles grises sableuses d'épaisseur 10 cm, à -380 cm, datables du Préboréal mais probablement tronquées par un nouveau creusement (n°6) (ou une réactivation) du paléochenal du secteur P/S daté de 8765 ± 40 BP (PAL-1) (tab. 5).

47- Un dépôt de 10 cm d’argiles grises sableuses plus organiques (n°7a) remontant au Boréal selon les données palynologiques, puis des argiles grises plus organiques (n°7b) fossilisent le dépôt préboréal (n°5) de ce chenal (P/S), comme le montre le sondage PAL-1. La fin du dépôt argileux (n°7b), datée de 5645 ± 35 BP (tab. 5) se fait en eau calme.

48- Après une lacune stratigraphique observée dans le sondage PAL-1, un dépôt d’argiles très organiques (n°7c) est daté de 2500 ± 35 BP (tab. 5) à sa base. La lacune peut correspondre à une absence de dépôt, ou plutôt aux effets d’une réactivation (n°8) postérieure à 5855-5645 BP et antérieure à 2500 BP (tab. 5) dont elle pourrait être proche ; elle pourrait correspondre à la péjoration climatique du 1er Âge du Fer.

49- La fin de ce dépôt d’argile tourbeuse (n°7c) est datée de 1110 ± 30 BP (tab. 5) en PAL-1. La tourbification a-t-elle été continue ? Il n’existe pas de rupture visible dans la séquence palynologique à l'intérieur de ce dépôt n°7c. De grosses déforestations sont notées mais il n’existe pas de correspondance hydrodynamique. Les espèces aquatiques (Nymphea) sont présentes, indiquant une eau stagnante d'une profondeur de l'ordre d'un à deux mètres maximum ; on note aussi des Cypéracées et donc une nappe subaffleurante.

50- Une phase de creusement d’un talweg (n°9) est bien dessinée dans l’argile tourbeuse du secteur P/S, mais sans dépôts sableux (un fossé de drainage est possible).

51- Viennent ensuite un remblaiement argileux (n°10), puis une phase de dépôts d’inondation (n°11) à sable argileux non datés, en continuité avec les dépôts précédents ; leur granulométrie, plus grossière, fait penser aux effets hydrosédimentaires des crues du Petit Âge Glaciaire. Le bief moderne (n°12) est faiblement incisé dans ce dépôt.

5.4 - Analyse pollinique du carottage PIL-1

5.4.1 - Diagramme et interprétation chronologique

52La description détaillée du diagramme (fig. 8) est donnée dans le tableau 6. Le rapport AP/T (variations du pourcentage de pollen d'arbres par rapport à la somme pollinique totale) dépasse rarement 70 % ce qui dénote un paysage toujours assez largement ouvert.

53- Les dates obtenues pour les cailloutis grossiers de fond de chenal indiquent un âge Bølling ou Bølling/Allerød, mais le dépôt des sables sus-jacents coïncide avec une période postérieure plus froide (PIL-1) qui ne peut que correspondre au Dryas récent.

54- La zone pollinique PIL-2 portant la marque d'un réchauffement correspond vraisemblablement au Préboréal, ici malheureusement tronqué car dans la portion -420, -391 cm le sable, trop fluide, n'a pu être remonté par la sonde.

55- Entre -382 et -300 cm (PIL-3 et PIL-4), le dépôt d'argile légèrement sableuse mais riche en matière organique et en coquilles de mollusques aquatiques ou palustres coïncide avec d'importants changements dans la végétation caractéristiques de l'Atlantique : taux de Quercus se maintenant entre 20 et 30 %, progression d'Ulmus et Fraxinus, développement d'Alnus, installation progressive de Fagus et Abies, tandis que Pinus décline et que les herbacées de terrains secs régressent en faveur des Cypéracées. Cependant on note en même temps l'augmentation brusque mais modérée (18 % au maximum) des taux de Corylus, espèce qui caractérise le début du Boréal (ZP PIL-3). Ils sont loin d'atteindre cependant les valeurs élevées souvent observées à cette période et ils déclinent en dessous de 10 % dès -356 cm. En comparaison, en Bresse, dans la tourbière de la Peupleraie au Miroir en Saône-et-Loire (Richard, 1996) par exemple, les pourcentages de Corylus sont alors voisins de 50 %. Un autre argument plaide pour le Boréal : la date 8765 ± 40 BP (tab. 5) obtenue à -380 cm. Cette date obtenue sur le sédiment argileux, en décalage d'un millier d'années avec le début théorique de l'Atlantique situé vers 8835 cal. BP, pourrait par contre être vieillie par des apports de matière organique dus au remaniement de sédiments plus anciens. Toutefois, la zone pollinique PIL-3 présentant encore des taux significatifs de bouleau et de saule peut tout à fait appartenir encore au Boréal.

56- La zone pollinique PIL-4 se rapporte sans équivoque à une grande partie de l'Atlantique ancien, ce qui est confirmé par la date obtenue à -301/-302 cm, 5645 ± 35 BP (tab. 5) qui marque sa fin.

57- A partir de -300 cm commence une période (PIL-5) marquée par l'apparition de Carpinus dans le cortège arboréen et le développement de Fagus. Mais les changements les plus importants concernent des signes d'intervention de l'homme sur l'environnement qui vont en s'amplifiant.

58Cette zone pollinique (PIL-5) correspond tout entière au Subatlantique, ce que confirment les dates obtenues à son début, -280 cm, 2500 ± 35 BP et à -200 cm, 1110 ± 30 BP (tab. 5).

59Un important hiatus gomme l’Atlantique récent et le Subboréal.

Tab. 6 : Pré Pillon, Simandre (Saône-et-Loire).

Tab. 6 : Pré Pillon, Simandre (Saône-et-Loire).

Résultats de l’analyse pollinique de PIL-1.

5.4.2 - Palynologie et anthropisation

60Le diagramme d'anthropisation du Pré Pillon (fig. 9) met en évidence l'évolution du paysage entre -375 cm et -300 cm. La ZP PIL-4 (Atlantique ancien) montre une certaine stabilité dans la représentation des arbres forestiers, des essences héliophiles et de l'aulne. Mais, dans les analyses polliniques de la Saône (Argant et al., 1996), et en Bresse au Miroir, 50 km à l'est de la vallée, (Richard, 1996), les premiers signes de cultures de céréales par les Néolithiques apparaissent précocement vers 6000 BP (6850 cal. BP). Les indices de cultures sont toujours limités à quelques grains de pollen de céréales qui apparaissent irrégulièrement, avec un faible impact sur le paysage. Les aquatiques (Potamogeton, Nympheaceae...), abondantes, suggèrent une eau libre peu profonde et, en bordure, les hygrophiles (Cyperaceae surtout) des prairies humides impropres aux cultures. Les champs cultivés ne se trouvent pas à proximité et ils sont sans doute d'étendue modeste. Ils traduisent une présence bien attestée par les découvertes archéologiques sur les faibles reliefs de la basse terrasse au Néolithique final mais aussi en bordure du chenal actif au Néolithique moyen bourguignon. Les sites néolithiques sont sans doute beaucoup plus nombreux qu'il n'y paraît car ils sont enfouis profondément sous les alluvions (Bourguignon, 2003).

61Au changement brutal qui intervient à -300 cm, tous les indices indiquent le passage au Subatlantique et une pression anthropique subitement très forte dans laquelle on peut distinguer 8 phases successives (5a à 5h) :

62- Phases 5a et b : le premier évènement (PIL-5a) se situe un peu avant 2500 ± 35. BP (tab. 5). On peut considérer qu'il correspond au tout début du Subatlantique, situé vers 2700 BP (2835 cal. BP). L'apparition régulière de Carpinus à partir de ce moment en serait le marqueur, comme dans les Alpes du Nord ou le Massif jurassien (Richard in Bourquin-Mignot, 1999). Une chute considérable du taux de pollen d'arbres intervient, due principalement à une forte diminution de Quercus, de Corylus et d'Alnus coïncidant avec des taux de céréales et de Poaceae élevés et l'apparition de Juglans : la cause anthropique de ces modifications ne fait pas de doute. Les cultures se sont rapprochées et les possibilités de pâturage s'étendent. Le développement de Rumex et Plantago consécutif à cet épisode en est une preuve, mais en même temps la pression exercée sur la forêt se relâche : la chênaie se reconstitue et la hêtraie se développe, ce qui peut s'interpréter comme l'effet d'une gestion différente de ces milieux et de besoins moindres en bois de chauffe ou en bois d'œuvre (PIL-5b). La ripisylve à aulne profite aussi de ce répit.

63- Phases 5c et 5d : une nouvelle phase de défrichage (PIL-5c) avec l'amplification des indices de culture et de pâturage est suivie par une dernière reconquête des lieux défrichés par les arbres tant au bord du cours d'eau que dans le milieu forestier (PIL-5d) et par l'affaiblissement du signal anthropique. Les héliophiles, Juniperus d'abord, puis Betula, Salix, Corylus, Alnus, Ulmus, Fraxinus le montrent clairement. La chênaie s'enrichit en Carpinus et la hêtraie se maintient.

64- Phase 5e : la suprématie du milieu forestier s'achève définitivement avec la phase PIL-5e qui enregistre la quasi disparition de la hêtraie et de la corylaie, une forte réduction de la chênaie et même celle des arbres ou arbustes héliophiles tels Betula et Juniperus. Le début de cet évènement est daté de1660 ± 35 BP (tab. 5). Bien que diminuée, la ripisylve subsiste avec Alnus et Salix. L'existence d'une voie de circulation en bordure du chenal, parallèle à la Saône en rive gauche, de la Via Agrippa en rive droite et la liaison entre les deux rives rendue possible par plusieurs gués, peuvent expliquer l'expansion considérable de l'implantation humaine dans le lit majeur de la Saône à hauteur de Simandre surtout au cours du IIe siècle (Bourguignon, 2003), justifiant l'ouverture totale du paysage (fig. 6).

65- Phase 5f : Son début est daté de 1110 ± 30 BP (tab. 5). Toute trace de ripisylve s'efface et seul Pinus s'exprime nettement. La remontée sensible de ses taux peut s'expliquer par la présence de bosquets assez éloignés de la vallée, le pollen de Pinus, qui ne rencontre pas d'obstacle, pouvant parcourir de longues distances. Mais il est également possible qu'il pousse à nouveau à proximité, en pionnier de terrain découvert et désormais plus sec car on assiste à la disparition des aquatiques, donc au comblement et à la cessation complète d'activité du bras ; celle-ci est probablement acquise dès le début de la zone pollinique PIL-5g. L'extension des Cyperaceae en est également une manifestation. Un exutoire pour les eaux du bief a été creusé à travers le bourrelet de rive. Sur son trajet, une vanne appelée "pillon" a pour but de retarder l'envahissement du paléochenal par les crues de la Saône. La date précise de cette réalisation n'est pas connue mais pourrait d'après certains indices remonter à la période médiévale (Bourguignon, 2003), ce qui est compatible avec la datation de la phase 5f.

66- Phase 5g et 5h : Le statut des arbres ne change guère par rapport aux deux phases précédentes, par contre les cultures céréalières se raréfient pour finalement disparaître (PIL-5h). Le pollen de Cannabis devient un peu plus abondant, indiquant la culture de cette plante à proximité. D'autre part, Poaceae, Cichorioideae, Centaurea cf. jacea et Plantago prospèrent en raison d'une activité pastorale probablement prédominante.

67Il peut exister des hiatus impossibles à déceler à la simple observation du diagramme, mais depuis le début de l'Âge du Fer au moins, le lit majeur de la Saône connaît une succession de phases d'occupation vérifiée par la carte archéologique, qui aboutit à la disparition presque totale du couvert forestier dès la fin de l'Antiquité. A l'époque moderne on assiste à l'éloignement des cultures céréalières par rapport aux chenaux, dont le territoire mis en valeur par le drainage servira à la vaine pâture (Bourguignon, 2003).

68Il manque malheureusement des repères absolus pour établir la chronologie culturelle précise et complète de cette succession. Les hypothèses suivantes reposent sur les dates 14C-AMS obtenues et sur les faits archéologiques disponibles :

69- la phase 5a peut être rapportée avec une bonne probabilité au Hallstatt et les phases 5b, 5c et 5d rattachées au Gallo-Romain.

70- les phases 5e et 5f qui voient la disparition définitive du couvert forestier peuvent être rapportées respectivement au dernier siècle de l'occupation romaine et au Haut Moyen Âge avec la réalisation, peut-être à partir du 10ème siècle, de travaux d'aménagement sur le cours d'eau résiduel empruntant la dépression laissée par le chenal.

71- 5g et 5h correspondent en grande partie à la période moderne.

72L’important hiatus gommant l’Atlantique récent et le Subboréal nous prive malheureusement de renseignements sur l’impact des sociétés néolithiques et de l’Âge du Bronze sur la végétation locale pendant ces périodes.

Fig. 9 : Simandre - Pré Pillon. Diagramme d’anthropisation.

Fig. 9 : Simandre - Pré Pillon. Diagramme d’anthropisation.

6 - Place de l'hôtel de ville (Chalon-sur-Saône, Saône‑et‑Loire)

73Localisation : 46°35' 50"N, 4°51'10" E, altitude 185 m

6.1 - Données stratigraphiques

74Pendant toute sa durée, le chantier de construction du parking souterrain de la Place de l'Hôtel de Ville a donné lieu à des fouilles archéologiques par l'AFAN (INRAP) en 2000, sous la direction de Gilles Rollier. Il se situe à environ 130 m de la Saône, en rive droite (fig. 10). L'ensemble de la stratigraphie représente une dizaine de mètres d'épaisseur ; la figure 11-a est un schéma théorique établi d'après le relevé de terrain de M. Gardini. Cette figure situe sur un plan vertical les quatre coupes qui ont pu être exploitées en fonction des altitudes notées et précise la position des échantillons analysés. La partie profonde, d'accès difficile et dangereux à une dizaine de mètres sous la surface, a été rapidement masquée par les murs de fondation du parking, aussi les observations ont-elles été particulièrement difficiles et limitées dans cette zone.

Fig. 10 : Chalon-sur-Saône. Parking de l’Hôtel de Ville (PHV) et positions relatives des coupes échantillonnées.

Fig. 10 : Chalon-sur-Saône. Parking de l’Hôtel de Ville (PHV) et positions relatives des coupes échantillonnées.

En trait discontinu, limites de la ville actuelle.

Fig. 11 : Chalon-sur-Saône, Hôtel de Ville.

Fig. 11 : Chalon-sur-Saône, Hôtel de Ville.

a- stratigraphie, b- diagramme pollinique.

6.2 - Datations radiocarbone

75Les datations effectuées sur deux bois récoltés dans les couches profondes recouvrant les graviers de fond, manifestement trop anciennes (remaniements), permettent cependant de fixer une limite chronologique inférieure pour les dépôts argileux de base. Les couches supérieures fouillées livrent un matériel archéologique largement suffisant pour donner des indications chronologiques précises confirmées par trois dates 14C-AMS obtenues sur bois et charbon (tab. 7).

Tab. 7 : Chalon-sur-Saône, parking Hôtel de Ville. Datations de différents niveaux (calibration IntCal09, Reimer et al., 2009).

Tab. 7 : Chalon-sur-Saône, parking Hôtel de Ville. Datations de différents niveaux (calibration IntCal09, Reimer et al., 2009).

6.3 - Résultats de l'analyse pollinique (diagramme fig. 11-b)

76Coupe 47 : entre 168,22 m et 172 m la coupe montre, de haut en bas, la stratigraphie suivante

  1. Sables roux de 172 à 168,80 m NGF environ (NGF = Nivellement Général de la France)

  2. Mince lit de graviers et paléosol

  3. Argile organique de 168,47 à 167,8 m NGF

  4. Fond caillouteux à 167,8 m NGF

77Seuls les échantillons argileux de la couche C ont livré du pollen bien conservé, les autres couches sableuses ou graveleuse (A, B et D) étaient stériles.

78Résultats de l'analyse pollinique de la couche C entre 168,47 m NGF et 168,22 m NGF :

79Six échantillons répartis sur 25 cm d'épaisseur ont été prélevés et analysés. Les deux plus profonds sont caractérisés par une végétation clairsemée où dominent les herbacées héliophiles : Poaceae et Artemisia surtout, Helianthemum, Plantago, Rubiaceae, Asteraceae, Brassicaceae, formant des pelouses traduisant un sol déjà bien développé. Juniperus et Betula sont les deux arbustes les mieux représentés. Avec Salix, ils forment probablement des groupements épars. Pinus n'est que très faiblement présent. Le pollen de plantes aquatiques Potamogeton et Myriophyllum cf. spicatum en taux supérieur à 10 % signale l'existence d'eau libre, avec au bord le développement d'une végétation hygrophile à Typhaceae. Les quatre échantillons suivants se distinguent par le développement de Betula puis de Pinus, tandis que Juniperus régresse. Les herbacées steppiques se maintiennent mais la zone marécageuse gagne du terrain avec les Cyperaceae et les Typhaceae, cette évolution traduisant un début d'amélioration climatique.

80Un bois récolté dans cette séquence sédimentaire (168-168,5 m NGF) est daté de 18730 ± 200 BP (tab. 7). Il indique, semble-t-il, la fin du Pléniglaciaire. Mais ce bois n'est pas forcément contemporain du dépôt. En effet, cette couche C contient des matériaux remaniés plus anciens puisqu'un autre bois entre 168,5 et 171 m NGF, donc au-dessus, donne 34820 ± 610 BP (tab. 7). La date de 18730 ± 200 BP donne cependant une limite ante quem au dépôt analysé couche C, de formation plus récente. La dynamique de végétation enregistrée évoque le Tardiglaciaire et fait penser déjà à l'amélioration du Bølling, mais on ne peut exclure totalement le Dryas ancien pour la base du dépôt car on ne dispose pas de références polliniques régionales pour ces périodes. La comparaison avec les données des fonds de vallée du Bassin parisien (Leroyer in Pastre et al., 2000) reste la plus pertinente. Les spectres de Chalon-sur-Saône présentent une grande similitude avec la zone pollinique "1a" de ces fonds de vallée rattachée par l'auteur au Bølling sur la base des taxons dominants (zone à Juniperus et Betula). On constate également une bonne correspondance avec ce qui s'observe à la transition Dryas ancien-Bølling dans des sites un peu plus élevés en altitude (Moras, 315 m en Isère, et Saint-Jean-de-Chevelu, 320 m, en Savoie) (Argant et al., 2009).

81Coupe 43 : Gallo-Romain 172,8 à 172,5 m NGF

82La coupe 43 se situe entre les cotes 171,5 et 173,5 m NGF. Seuls trois échantillons correspondant à un niveau d'occupation probablement gallo-romain (5ème siècle ap. J.-C.) entre 172,8 et 172,5 m NGF ont donné des résultats. Le pollen d'arbres ne dépasse pas 17 % pour l'échantillon le plus profond. Alnus, qui subsiste probablement en bord de Saône proche, est le plus abondant avec Corylus et Pinus, mais il s'agit sans doute, pour ces derniers, d'arbres ou arbustes isolés. De même pour Picea, Abies, Betula, Salix et Hippophae. Le pollen d'herbacées révèle un espace de type prairie avec Poaceae, diverses Composées (Asteroideae, Cichorioideae, Centaurea), Plantago, Brassicaceae, Chenopodiaceae, Polygonum type aviculare, rudérales liées à la présence de l'homme et des animaux. Une zone d'eau stagnante permet le développement de Potamogeton, et, en bordure, de quelques Typha et Polygonum type persicaria. Les deux autres échantillons se distinguent par la raréfaction des arbres (8 %) et la disparition des aquatiques tandis que les Cyperaceae s'étendent, ce qui semble indiquer la résorption du point d'eau. Des grains de pollen de céréales apparaissent et Polygonum type aviculare devient très abondant. Cette rudérale résiste au tassement du sol et au piétinement et a une préférence pour les sols riches en azote ou en matière organique. Sa prolifération va dans le sens d'une pression anthropique croissante sur les lieux.

83Coupe Million : emplacement des foires du 13ème au 15ème siècle AD

84Cette séquence au sédiment très noir se montre très riche en vestiges reflétant l'importance de l'activité commerciale de Chalon-sur-Saône au Moyen Âge et livre également une grande quantité de pollen présentant des caractéristiques proches de la précédente. Il s'agit bien maintenant d'un milieu urbain où les arbres n'ont plus leur place et où les Poaceae accompagnées de rudérales dominent. La différence avec ce qui précède est la quantité élevée de pollen de céréales dont le faible pouvoir de dispersion exclut une provenance lointaine. Cela signifie-t-il qu'il existe des champs sur place ? C'est peu probable dans la mesure où l'on sait que des foires se déroulaient à cet endroit, et il faut plutôt imaginer un apport de pollen par l'intermédiaire de paille, de grains, peut-être aussi d'excréments des animaux qui devaient être nombreux dans ce contexte (chevaux, chiens...). A noter aussi le pollen de Cannabis, de Vitis et de Juglans attestant de la culture de ces plantes dans les environs. Pour la vigne dont le pollen ne franchit que de très courtes distances, il ne peut s'agir de vigne sauvage qui, en principe croît dans la ripisylve. Or cette formation riveraine n'est pratiquement pas représentée ici et se trouverait de toute façon a priori trop éloignée. Il ne peut s'agir donc vraisemblablement que de vigne cultivée, dont la position est difficile à imaginer ici, à moins qu'il ne s'agisse de vignes cultivées en treilles le long des façades ? L'humidité édaphique diminue (drainage des zones restées humides ?) et les Cyperaceae disparaissent presque.

85Coupe 33 : env. 17ème siècle AD, ~175,5 m NGF

86Le sédiment présente les mêmes caractéristiques que celui de la coupe Millon et le contenu pollinique reste sensiblement le même, soulignant la stabilité du cadre et la pérennité des fonctions exercées en ce lieu pendant les deux ou trois siècles écoulés entre les deux séquences. Cinq œufs d'Ascaris et un de Trichuris sont à signaler dans ces niveaux. Parasites intestinaux, leur présence est significative de la fréquentation intense de ces lieux par l'homme ou des mammifères domestiques (chien, cheval par exemple).

Fig. 11 : Chalon-sur-Saône, Hôtel de Ville.

Fig. 11 : Chalon-sur-Saône, Hôtel de Ville.

a- stratigraphie, b- diagramme pollinique.

7 - Essai de synthèse paléoenvironnementale

87Les données dont nous disposons concernent les carottages effectués dans les paléochenaux de la Saône qui viennent d'être décrits et de courtes séquences ou des échantillons isolés analysés à Varennes-les-Mâcon et à Lyon (fig. 12).

881) Les paléochenaux plus ou moins parallèles au lit actuel témoignent du style en tresses de la Saône acquis depuis le Bølling au moins. En effet leur fond est constitué de galets et graviers sur lesquels reposent des matériaux sableux ou argilo-sableux parfois très riches en matière organique. Leur analyse pollinique apporte toujours l'image d'une flore ne comportant que des arbres pionniers (Juniperus, Betula, Salix, Pinus) et des steppiques (Poaceae et Artemisia essentiellement). Les dates 14C réalisées sur ces matériaux, comprises entre 12715 ± 95 BP à Boitrait et 11990 ± 95 BP à Simandre, s'inscrivent dans le Tardiglaciaire, et plus précisément entre le début et la fin du Bølling, en constituant un repère ante quem au creusement des chenaux. A Chalon-sur-Saône, on observe un chenal dont le creusement est également daté du Bølling, voire du Dryas ancien à sa base ; la palynologie permet d'écarter les dates beaucoup plus anciennes (de 18730 ± 200 BP et 34820 ± 610 BP) obtenues sur des bois vraisemblablement remaniés. Ce schéma est identique à celui des vallées du Bassin parisien, où le creusement est acquis dès le début du Bølling avec des chenaux en tresses se simplifiant en un style à méandres (Pastre et al., 1997, 2000, 2002). Ces résultats sont à rapprocher de ceux obtenus par Antoine (1997, 2002) dans le bassin de la Somme où le passage des tresses pléniglaciaires à des chenaux stables et incisés se fait au début du Bølling ; Vandenberghe (1994) a montré que ce type de métamorphose observé aux Pays-Bas est lié à une augmentation de l’écoulement et à une réduction de la charge.

892) Ensuite, les principales phases suivantes du Tardiglaciaire sont repérées dans l'ensemble des sites, sauf à Chalon-sur-Saône où les investigations ont été limitées par les conditions difficiles du chantier. A la suite de l'incision acquise au Bølling, signe d’un bilan sédimentaire négatif (crues fortes et entrées sédimentaires dans le système fluvial que l’on peut considérer comme faibles), les chenaux se comblent de dépôts fins, interrompus parfois par des recreusements plus difficiles à mettre en évidence sur les sondages car ils sont rarement soulignés par des matériaux grossiers, mais seulement par des sédiments un peu plus sableux.

903) Le Dryas moyen n'a pas été mis en évidence mais un échantillon isolé provenant du site du 10 Rue Marietton à Lyon (T. 31, zone C, coupe 12, US 283 à 161,15 m NGF, fouilles M. Monin, inédit) pourrait appartenir à cet épisode de refroidissement. Il fournit un spectre pollinique où les Poacées et les herbacées steppiques dominent (53 %) accompagnées d'arbres pionniers héliophiles : genévriers surtout, bouleaux, saules et pins, représentant seulement 27 % de la somme pollinique et il est daté de : 12215 ± 210 BP (Lyon (OxA) (14284-15634 cal. BP).

914) L'Allerød par contre se manifeste clairement à Simandre dans le sondage N1 avec un dépôt de 135 cm d'argiles riches en matière organique malheureusement non conservées pour l'analyse pollinique, mais sont datées entre 11645 ± 90 BP et 11300 ± 55 BP (tab. 5). A Varennes-les-Mâcon cette période est bien représentée par une couche de tourbe intercalée dans des sables. Leur analyse paléobotanique (pollen et macrorestes), étayée par 4 dates 14C cohérentes entre 11480 ± 90 BP et 11230 ± 90 BP (tab. 8), montre la prédominance absolue du pin (Floss et al., 1999). Cette chronozone n'a pas été rencontrée dans les sondages effectués à Boitrait, ce qui ne signifie cependant pas qu'elle soit absente de ce paléochenal. Dans le Bassin parisien, l’Allerød est considéré comme une phase de stabilisation morphodynamique (Pastre et al., 2002). Dans le bassin de la Somme, le climat océanique de l’Allerød favorise la simplification du style à chenaux multiples au profit de méandres sinueux et la mise en place de faciès limono-tourbeux dans les chenaux abandonnés (Antoine, 1997 ; Antoine et al., 2002).

925) A Simandre, des sables fins reposant directement sur le fond enregistrent en PAL-1 une période froide attribuable au Dryas récent, marquée par la présence de Betula, Juniperus et Salix accompagnant Pinus essence dominante parmi l'ensemble des arbres. Leur taux de pollen, variant de 16 à 45 %, traduit l'ouverture du paysage, en contraste avec l'image boisée donnée par les pinèdes de l'Allerød à Varennes-les-Mâcon (Floss et al., 1999). Les herbacées sont surtout représentées par les Poaceae (20%) et Artemisia (10 à 24 %). Les plantes hygrophiles ou aquatiques sont peu abondantes. Une séquence comparable s'observe à Boitrait, au sommet d'un niveau tourbeux dont l'attribution au Dryas récent est confortée par la date 10065 ± 30 BP (en S5 à 258 cm) (tab. 2). La détérioration climatique de la dernière chronozone du Tardiglaciaire est donc bien ressentie ici, à 170 m d'altitude, ce qui rappelle les constats faits en Bresse au Miroir (Richard, 1996) ou dans le Bassin parisien (Leroyer in Pastre et al., 2000, 2003) à des altitudes comparables.

936) Le réchauffement qui se fait sentir ensuite, au Préboréal, conduit à l'extension de la pinède, mais les steppiques n'ont pas encore disparu et connaissent même un regain peu après la transition avec le Dryas récent, indiquant une courte péjoration climatique, puis commencent à apparaître Corylus, Quercus, Ulmus, Fraxinus. A Boitrait comme à Simandre, on note alors la prolifération des microorganismes, Cyanobactéries du genre Gloetrichia en particulier, qui traduisent l'enrichissement des eaux en nutriments lié au développement des plantes aquatiques sur lesquelles elles sont fixées.

947) La distinction entre les deux chronozones du Boréal et de l'Atlantique s'avère plus difficile. La question se pose en particulier à Simandre où on note à partir de -380 cm une évolution de la végétation qui dans sa globalité fait penser à l'Atlantique. En considérant conjointement les données polliniques et le repère donné par la date 14C, on admet à ce niveau la présence de témoins tronqués du Boréal (ZP PIL-3) entre 382 et 375 cm, et l'attribution à l'Atlantique ancien de la zone pollinique PIL-4 (entre 375 et 300 cm). A partir de 300 cm, des changements nets apparaissent dans le diagramme, qui signent la fin de cette séquence atlantique vers 5645 ± 35 BP (tab. 5). L'Atlantique récent n'est pas représenté. A Boitrait, la preuve palynologique du Boréal n'a pas été apportée, tandis que l'Atlantique apparaît ponctuellement dans les sondages S3 (235 cm) et S5 (210 et 225 cm) avec une date 14C (S5 – 213 cm) : 7005 ± 25 BP (tab. 2).

958) Le Subboréal n'apparaît ni à Simandre ni à Boitrait et correspond vraisemblablement à des phases de recreusement.

969) Le Subatlantique, à Simandre, fait suite sans transition aux dépôts de l'Atlantique ancien. (ZP PIL-5) et porte la marque très nette des activités humaines qui se développent sur les premières terrasses et dans le lit majeur de la Saône lui-même.

97Le fait qu'il ne soit pas possible d'observer de séquence continue et complète recouvrant le Tardiglaciaire et l'Holocène est une conséquence normale du tressage de la Saône. Les sédiments déposés depuis le Bølling sont le plus souvent fins (argiles sableuses ou tourbeuses), mais parfois interrompus par quelques lits de graviers marquant les épisodes de recreusement les plus vigoureux. A Simandre, ces épisodes se répètent à cinq reprises, entraînant la disparition de tout ou partie des dépôts du Boréal, de l'Atlantique récent et du Subboréal, du moins au niveau du sondage PAL-1. L'histoire du chenal de Boitrait paraît moins mouvementée car pendant l'Holocène son activité est réduite aux périodes de crues avec dépôt des matières en suspension.

98

Fig. 12 : Chronologie des principaux sites analysés dans la moyenne et la basse vallée de la Saône

Fig. 12 : Chronologie des principaux sites analysés dans la moyenne et la basse vallée de la Saône

Tab. 8 : Varennes-les-Mâcon (Saône-et-Loire).

Tab. 8 : Varennes-les-Mâcon (Saône-et-Loire).

8 - Bilan de l'anthropisation : l'impact de l'homme à travers les sites archéologiques et les sites naturels

99Les indices polliniques d'anthropisation les plus précoces décelables dans les sites archéologiques du lit majeur de la Saône apparaissent dès le Néolithique à Lyon, sur le site archéologique de Gorge de Loup (fig. 12). Son étude et celle des autres sites de Vaise démontrent l'importance du fait anthropique dans le déclenchement des processus de colluvionnement et de ruissellement, en étroite relation avec les défrichements qui s'amplifient à l'âge du Bronze ancien, puis à l'âge du Fer et à la période gallo-romaine (Argant, 1990, 1993 ; Vérot-Bourrély et al., 1995, 2010 ; Jacquet et al., 1998 ; Argant & Latour-Argant, sous presse).

100L'accentuation de la pression anthropique à l'époque gallo-romaine s'observe partout. Ainsi, les sols d'occupation analysés sur le site antique de Ludna à Saint-Georges-de-Reneins (Béal, 2007b), dominant le marais de Boitrait, montrent que le paysage était très ouvert et les abords intensément utilisés pour le pâturage et les cultures de céréales.

101A Mâcon le site de la Bibliothèque municipale (fouilles AFAN = INRAP dirigées par A.-C. Rémy et D. Barthèlemy en 2000) fournit un ensemble de données intéressantes sur la période des IVème-Vème siècles AD souvent peu documentée dans ce domaine (Argant et al., 2005). Là encore le milieu est très pauvre en arbres. S'il est localement totalement déboisé, la végétation régionale (500 m à 10 km) s'exprime tout de même avec des héliophiles surtout, mais aussi des arbres forestiers et la ripisylve liée à la Saône toute proche. On cultive Juglans, Castanea, Prunus, Vitis vinifera, ainsi que des essences ornementales qui méritent ici une mention particulière : Syringa vulgaris et Platanus. Ce dernier est attesté au Ier siècle av. J.-C. en région méditerranéenne (Girard in Tchernia et al., 1978) et on le trouve à Lyon au Ier siècle ap. J.-C. au temple de Cybèle (Argant, inédit).

102Enfin, le site de la place de l'Hôtel de Ville à Chalon-sur-Saône apporte des précisions sur l'environnement urbain aux périodes historiques (Moyen Âge et époque moderne) pour lesquelles il existe rarement de données polliniques. Celles-ci renseignent autant sur les activités qui s'y déroulent que sur le peu qui reste de l'environnement naturel dans ce milieu très urbanisé et restent indispensables pour la connaissance précise du milieu de vie des populations.

103L'apport des sites naturels est évidemment indispensable pour juger de l'action de l'homme sur le paysage à l'échelle régionale. Ils concernent souvent des séquences plus longues que celles des sites archéologiques, permettant ainsi d'apprécier l'évolution de la végétation et l'ampleur de l'influence des activités humaines en dehors des sites d'habitat : défrichement, extension des rudérales, cultures, activités pastorales. Ils sont aussi mieux à même de faire apparaître les phases de ralentissement, voire d'abandon ou de modification de ces activités. Parmi les analyses réalisées entre Chalon-sur-Saône et Lyon, le site du Pré Pillon à Simandre apporte les plus nombreux éléments, du Néolithique à l'époque moderne, mais de façon malheureusement discontinue. Malgré cet inconvénient, les paléochenaux restent pour l'instant les seuls sites naturels susceptibles d'enrichir les connaissances sur le paléoenvironnement du lit majeur de la Saône et de ses marges depuis le Tardiglaciaire. Ils enregistrent bien les premiers défrichements néolithiques, modestes, avant 5645 ± 35 BP (tab. 5), puis le fort impact des populations de l'Antiquité et du Moyen Âge, avec développement important des cultures céréalières, travaux de drainage des chenaux comblés devenus marécageux, puis l'évolution vers une économie davantage basée sur le pastoralisme à l'époque moderne.

104L'archéologie fournit des repères et un cadre précis aux investigations environnementales à l'échelle locale, au cœur des installations humaines, hors des lieux humides. Ceux-ci, terrains privilégiés des recherches palynologiques, ne peuvent pas toujours rendre compte avec une acuité suffisante des effets de l'anthropisation, mais ils sont indispensables pour la connaissance du cadre régional et de son évolution. Sites archéologiques et sites naturels représentent donc des sources d'information complémentaires toutes deux incontournables.

9 - Conclusion

105Le creusement du talweg de la Saône jusqu’au Bølling inclus apparente cet environnement fluvial aux plaines du Bassin parisien et du nord-ouest de l’Europe dans un contexte de réduction des flux sédimentaires et d’accroissement des écoulements liquides (Pastre et al., 2002 ; Antoine et al., 2002). Spécificités de la vallée de la Saône, la néo-tectonique, qui a déprimé la région chalonnaise, ainsi que l’effet de barrage joué par le cône de déjections de l’Azergues se sont combinés d’une manière complexe et encore mal connue pour moduler spatialement la réponse fluviale (Bravard, 1997).

106La pente, qui semble avoir peu varié depuis le Tardiglaciaire dans le secteur compris entre Chalon-sur-Saône et Anse rend compte de la compétence modeste des courants et la granulométrie fine et relativement homogène des dépôts depuis l’Allerød inclus. Les sédiments étudiés appartiennent à des remblaiements de chenaux de tressage dont le nombre s’est progressivement réduit depuis le Bølling. La biochronologie basée sur l'analyse pollinique met en évidence la discontinuité de ces dépôts dans les deux chenaux qui ont été étudiés. Une des conclusions de cette étude est que la réponse du système fluviatile aux changements climatiques est différente suivant les sites considérés.

107A Boitrait, le chenal est abandonné rapidement et ne fonctionne plus en tant que bras vif après le Bølling, la tourbe s'y forme mais elle est ravinée par des crues qui abandonnent des sédiments sableux au Dryas récent.

108A Simandre, le chenal apparaît plus dynamique surtout dans sa partie est où apparaissent au moins cinq recreusements successifs depuis le Tardiglaciaire. Dans le carottage analysé sur ce site, les dépôts de l'Allerød ont disparu, ceux du Préboréal et du Boréal paraissent tronqués, l'Atlantique récent manque ainsi que le Subboréal, mais le Subatlantique est bien développé. Ce phasage, précisé par une dizaine de dates 14C au total, montre que les niveaux d'inondation les plus récents restent souvent difficiles à dater en raison de leur pauvreté en matière organique.

109Les caractéristiques de la végétation des biozones représentées sont en bon accord avec les données générales du nord-ouest de l'Europe, et en particulier avec celles du Bassin parisien. L'impact érosif et sédimentaire du Dryas récent est bien marqué. Enfin, le bruit de fond régional donné par l'analyse pollinique du milieu naturel, complété par les données plus précises des sites archéologiques, permet de mettre en évidence l'importance du facteur anthropique dans l'évolution du paysage du lit majeur de la Saône, principalement au Subatlantique.

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Reimer P.J., Baillie M.G.L., Bard E., Bayliss A., Beck J.W., Blackwell P.G., Bronk Ramsey C., Buck C.E., Burr G.S., Edwards R.L., Friedrich M., Grootes P.M., Guilderso T.P., Hajdas I., Heaton T.J., Hogg A.G., Hughen K.A., Kaiser K.F., Kromer B., McCormac F.G., Manning S.W., Reimer R.W., Richards D.A., Southon J.R., Talamo S., Turney C.S.M., van der Plicht J., & Weyhenmeyer C.E., 2009 - IntCal09 and Marine 09 radiocarbon age calibration curves, 0-50,000 years cal BP. Radiocarbon, 51 (4), 1111-1150.

Richard H., 1996 - Nouvelles données polliniques en Bresse : le marais de La Peupleraie à Le Miroir (Saône-et-Loire, France). Comptes Rendus de l’Académie des Sciences. Série 2, Sciences de la Terre et des Planètes, 323 (6), 531-538.

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Thévenot J.-P., 1973 - Le village préhistorique d’Ouroux-sur-Saône. Travaux du Centre de Recherches de Solutré, 1, 1-174.

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VÉROT-BOURRÉLY A., ARGANT J., BRAVARD J-P., & CHAIX L. avec la collaboration de BELLON C., PLANTEVIN C., & BURNOUF J., 1995 - Le paléo-environnement du site de Gorge-de-Loup (Lyon 9e) : les signes matériels de la dégradation d'après l'étude interdisciplinaire du gisement. In Van der Leeuw (ed.), L’Homme et la dégradation de l’environnement. Actes des XVe Rencontres Internationales d'Archéologie et d'Histoire d'Antibes, 20-22 octobre 1994. Éditions APDCA, Juan-les-Pins, 43-77.

VÉrot-BourrÉly A., Argant J., Bouby L., Latour-Argant C., & Martin S., 2010 - Evolution d'un paysage de confluence de la Protohistoire à l'époque gallo-romaine : géomorphologie et paléoenvironnement du site Parc Saint-Georges à Lyon (Rhône, France). Quaternaire, 21 (4), 385-411.

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Table des illustrations

Titre Fig. 1 : La Saône et son bassin versant.
Légende Carte de répartition des sites ayant donné lieu à des observations géomorphologiques et/ou à des analyses polliniques en milieu naturel (cercles) ou en site archéologique (carrés). 1- Chivres (Argant et al., 1996) ; 2- Epervans (inédit) ; 3- Chalon-Hôtel de Ville ; 4- Simandre Pré Pillon ; 5- La Truchère (Laine et al., 2009) ; 6- Mâcon (Argant et al., 2005) ; 7- Varennes-les-Mâcon (Floss et al., 1999) ; 8- Ludna (Béal, 2007b) ; 9- Boitrait ; 10- Grelonges (Bouvard & Astrade, 2005) ; 11- Bourdelan (Bravard, 1990) ; 12- Lyon Vaise et Saint-Georges (Argant, 1993 ; Vérot-Bourrély et al., 1995, 2010).
URL http://journals.openedition.org/quaternaire/docannexe/image/5984/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 40k
Titre Tab. 1 : Limites admises pour les chronozones du Tardiglaciaire et de l’Holocène
Crédits d’après Richard in Bourquin-Mignot, 1999 (calibration IntCal09,Reimer et al., 2009).
URL http://journals.openedition.org/quaternaire/docannexe/image/5984/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 40k
Titre Fig. 2 : (a) Carte de situation de Boitrait et de Ludna (Saint‑georges‑de‑Reneins). (b) Image satellitale
Crédits Foret & Perichon, 1990, tous droits réservés
URL http://journals.openedition.org/quaternaire/docannexe/image/5984/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 80k
Titre Fig. 3 : Saint-Georges-de-Reneins - Boitrait.
Légende Position des sondages. Transect est-ouest.
URL http://journals.openedition.org/quaternaire/docannexe/image/5984/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 60k
Titre Tab. 2 : Dates 14C du site de Boitrait (calibration IntCal09, Reimer et al., 2009).
URL http://journals.openedition.org/quaternaire/docannexe/image/5984/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 28k
Titre Fig. 4 : Saint-Georges-de-Reneins - Boitrait.
Légende Diagramme pollinique du sondage S3. • < 1 % ; x10 ; courbe en trait fin = amplification x10.
URL http://journals.openedition.org/quaternaire/docannexe/image/5984/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 76k
Titre Fig. 5 : Saint-Georges-de-Reneins - Boitrait.
Légende Diagramme pollinique des sondages S1 et S5. • < 1 % ; x10 ; courbe en trait fin = amplification x10.
URL http://journals.openedition.org/quaternaire/docannexe/image/5984/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 96k
Titre Tab. 3 : Boitrait (Saint-Georges-de-Reneins, Rhône).
Légende Résultats de l’analyse pollinique de S1, S3 et S5.
URL http://journals.openedition.org/quaternaire/docannexe/image/5984/img-8.jpg
Fichier image/jpeg, 96k
Titre Tab. 4 : Ludna (Saint-Georges-de-Reneins, Rhône)
Légende Résultats de l’analyse pollinique du sol d’occupation gallo-romain.
URL http://journals.openedition.org/quaternaire/docannexe/image/5984/img-9.jpg
Fichier image/jpeg, 60k
Titre Fig. 6 : (a) Carte de situation de Simandre et sites gallo-romains du lit majeur de la Saône entre gigny et Préty. (b) Image satellitale. (Agence de l’Eau R.M. & C., & Chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire, tous droits réservés). (c) Photographie aérienne montrant le paléochenal de gigny, au nord de Tournus (Saône-et-Loire), en période de crue de la Saône (cliché J.-P. Bourguignon).
URL http://journals.openedition.org/quaternaire/docannexe/image/5984/img-10.jpg
Fichier image/jpeg, 128k
Titre Fig. 7 : Simandre - Pré Pillon.Transect est-ouest
Légende Les numéros cerclés renvoient au texte.
Crédits relevé M. gardini & J.-P. Bourguignon
URL http://journals.openedition.org/quaternaire/docannexe/image/5984/img-11.jpg
Fichier image/jpeg, 156k
Titre Fig. 8 : Simandre - Pré Pillon. Diagramme pollinique.
Légende Log stratigraphique : Ljb = limon jaune brun ; Ajb = argile jaune brun ; Ag = argile grise ; An = argile noire ; At = argile tourbeuse ; Ags = argile grise sableuse ; Agn  = argile gris noir ; Sa = sable. • < 1 % ; x10 ; courbe en trait fin =  amplification x 10.
URL http://journals.openedition.org/quaternaire/docannexe/image/5984/img-12.jpg
Fichier image/jpeg, 144k
Titre Tab. 5 : Dates 14C du site de Pré Pillon - Simandre (calibration IntCal09, Reimer et al., 2009).
URL http://journals.openedition.org/quaternaire/docannexe/image/5984/img-13.jpg
Fichier image/jpeg, 68k
Titre Tab. 6 : Pré Pillon, Simandre (Saône-et-Loire).
Légende Résultats de l’analyse pollinique de PIL-1.
URL http://journals.openedition.org/quaternaire/docannexe/image/5984/img-14.jpg
Fichier image/jpeg, 216k
Titre Tab. 6 (suite)
URL http://journals.openedition.org/quaternaire/docannexe/image/5984/img-15.jpg
Fichier image/jpeg, 336k
Titre Fig. 9 : Simandre - Pré Pillon. Diagramme d’anthropisation.
URL http://journals.openedition.org/quaternaire/docannexe/image/5984/img-16.jpg
Fichier image/jpeg, 108k
Titre Fig. 10 : Chalon-sur-Saône. Parking de l’Hôtel de Ville (PHV) et positions relatives des coupes échantillonnées.
Légende En trait discontinu, limites de la ville actuelle.
URL http://journals.openedition.org/quaternaire/docannexe/image/5984/img-17.jpg
Fichier image/jpeg, 32k
Titre Fig. 11 : Chalon-sur-Saône, Hôtel de Ville.
Légende a- stratigraphie, b- diagramme pollinique.
URL http://journals.openedition.org/quaternaire/docannexe/image/5984/img-18.jpg
Fichier image/jpeg, 116k
Titre Tab. 7 : Chalon-sur-Saône, parking Hôtel de Ville. Datations de différents niveaux (calibration IntCal09, Reimer et al., 2009).
URL http://journals.openedition.org/quaternaire/docannexe/image/5984/img-19.jpg
Fichier image/jpeg, 36k
Titre Fig. 12 : Chronologie des principaux sites analysés dans la moyenne et la basse vallée de la Saône
URL http://journals.openedition.org/quaternaire/docannexe/image/5984/img-20.jpg
Fichier image/jpeg, 644k
Titre Tab. 8 : Varennes-les-Mâcon (Saône-et-Loire).
URL http://journals.openedition.org/quaternaire/docannexe/image/5984/img-21.jpg
Fichier image/jpeg, 33k
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Pour citer cet article

Référence papier

Jacqueline Argant, Jean‑Paul Bravard, Jean‑Paul Bourguignon et Jean‑Claude Béal, « Nouvelles données sur les changements paléoenvironnementaux de la plaine alluviale de la Saône depuis le Tardiglaciaire : palynologie, géomorphologie »Quaternaire, vol. 22/3 | 2011, 235-260.

Référence électronique

Jacqueline Argant, Jean‑Paul Bravard, Jean‑Paul Bourguignon et Jean‑Claude Béal, « Nouvelles données sur les changements paléoenvironnementaux de la plaine alluviale de la Saône depuis le Tardiglaciaire : palynologie, géomorphologie »Quaternaire [En ligne], vol. 22/3 | 2011, mis en ligne le 01 septembre 2014, consulté le 18 avril 2024. URL : http://journals.openedition.org/quaternaire/5984 ; DOI : https://doi.org/10.4000/quaternaire.5984

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Auteurs

Jacqueline Argant

LAMPEA-UMR 6636, MMSH, 5 rue du Château de l'Horloge, F-13094 AIX‑EN‑PROVENCE cedex 2. Courriel : j.argant@wanadoo.fr

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Jean‑Paul Bravard

Université Lumière Lyon 2, GHATT, 5 avenue Pierre Mendès-France, F-69500 BRON. Courriel : jean‑paul.bravard@univ‑lyon2.fr

Jean‑Paul Bourguignon

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Jean‑Claude Béal

 Maison de l'Orient et de la Méditerranée, UMR5138, 7 rue Raulin, F‑69007 LYON. Courriel : jean‑claude.beal@mom.fr

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